Masque Mortuaire

On frappa à sa porte. Le lieutenant releva la tête et, sans qu’on attende sa réponse la porte s’entrouvrit. Le bleu passa la tête dans l’embrasure et dit en se tordant les lèvres:
-On en a trouvé une deuxième…
Inutil de préciser de quoi il parlait. Un oeuf de granit descendit lentement le long de sa gorge. C’était tout ce qu’il ne souhaitait pas entendre. Le bleu restait là, à attendre une réaction, un ordre, une engueulade, n’importe quoi. Le dossier du premier meurtre était encore ouvert sur son bureau avec le rapport du légiste. Dans l’attente des résultats du labo il n’avait rien d’autre à se mettre sous la dent que la déposition du vieux qui avait trouvé le corps et les photos de la scène. Il avait beau avoir l’habitude, celles-ci étaient particulièrement dégueulasses et l’idée d’aller trouver un autre carnage ne l’enchantait pas vraiment.
-J’arrive. Les journaleux sont déjà là ?
-Pas que je sache mon Lieutenant.
-Bien. Tu m’emmènes tout de suite.
-Oui mon Lieutenant.
La porte se referma et Verdière en fit de même avec son dossier. Le premier cadavre avait été retrouvé neuf jours plus tôt dans une forêt à champignons par un papy qui cherchait des truffes. Le macchabée était sur le ventre et le vieux avait retourné le corps d’instint ne sachant pas encore qu’elle était morte. Il avait faillit faire une attaque sur le champs mais avait tenu le coups. Plutôt solide l’ancètre compte tenu du spectacle. Personne devrait voir ça. Personne devrait être capable de faire ça. Ce monde partait en couille c’était certain. Verdière avala le fond de sa tasse de café froid avec une grimace et sorti de son bureau pour rejoindre Rouget sur le parking. Le petit avait l’air un peu lent pour sa première semaine mais il était de bonne volonté. Pas certain qu’il tiendrait longtemps vu les circonstances, il lui faudrait s’accrocher à son estomac.

-Fais péter le deux tons, on n’est pas en balade.
-Ok.
-C’est loin ?
-Au milieu d’un champs à deux kilomètres au nord du bois où on a trouvé la première.
-C’est le proprio du champs qui l’a trouvé ?
-Oui mais on en tirera pas grand chose. C’est sa rombière qui nous a appelé, lui il peut plus parler, il serait sous le choc.
-Nous v’la bien avancé. Accélère un peu, la nuit va bientôt tomber je veux pas être obligé de patauger dans la pampa dans le noir.

Après avoir passé le barrage, il prirent un chemin le long du champs et garèrent la clio banalisée. C’était une simple étendue de terre nue et molle. le cirque se dressait à trente mètres de là, presque exactement au centre du champs, la tente des légistes était montée et on commençait à installer des projecteurs en prévision de la nuit. En s’approchant, il vit que le corps était sur le dos, il marqua un arrêt et avala une grande bouffée d’air avant de reprendre sa marche. Verdière serra la main de ceux qu’ils connaissait et alla s’acroupir devant le cadavre. Denis Rouget se tenait debout, derrière lui, sans mot dire.
Un chemin de piquets reliés par des bandeaux de chantier délimitait des empruntes de pas dans la boue. Mais il n’y avait pas un seul autre indice de marqué au sol. Tout comme pour la première, le corps était intact, les vétements en bon état et au complet, pas de marque d’aggressions sur les poignets ou les bras. C’était une femme, en jogging blanc bon marché et baskettes neuves. Elle se tenait un peu sur le côté, les bras et les jambes légèrement fléchis, comme si elle continuait de courir contre le sol. En revanche, regarder son visage demandait des nerfs solides pour la simple raison qu’elle n’en avait plus. Le malade qui s’était occupé d’elle avait scié verticalement les deux premiers centimètres de son crâne et lui laissait à la place un masque d’horreur d’os mélés de sang coagulé. Les orbites étaient vides et la machoire inférieure simplement brisée. La langue pendait sur le côté et n’avait pas été touchée. La découpe était irrégulière mais plus rectiligne que sur le premier corps. Sur le haut du crâne, les cheveux étaient noyés de sang et autour de la tête, la terre était plus sombre, imbibée et la matière grise s’échappait comme une crème pleine de nervures sanguines aglutinant au passage des poussières de terre.
Verdière se releva et regarda le bleu qui, fît demi tour, parcouru cinq pas dans la direction opposée et vomît. Pour le test d’estomac, c’était loupé. Tant mieux en un sens.
-L’autre bout n’a pas été retrouvé ? demanda-t-il en direction des experts légistes.
-Non, toujours manquante lui répondit DeVasquieux, le responsable de l’équipe.
-On a une idée de depuis combien de temps elle est là ?
-Le pésan l’a trouvé y’a un peu plus d’une heure, mais elle doit être ici depuis six, dix heures maxi.
-Bon, quelque chose de différent ?
-J’ai peur que oui, on savait que ton type était dérangé mais pour le coups…
-Pour le coups quoi ? accouche !
-Sur la première le découpage était fait avec une scie à métaux apparemment. Et c’était post-mortem
-Et là ?
-Une scie à métaux aussi mais, pas post-mortem.
-Putain de nom de Dieu de merde…

3 commentaires

  1. Faut essayer mais je comprends très bien, je suis un peu comme toi… des tas d’idées, des tas de morceaux de texte et pas un seul roman complet, c’est à désespéré parfois

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