Les Valentins – Etretat


Le palace égaré
Qui dominait le vaste océan
Dans ce soir de juillet
Que traversaient des vies abîmées
A cette heure où rien ne paraît
La fraîcheur dans le hall apaisait les terreurs
Un vieil homme aux gestes fuyants
Se reposait dans cet air clément

Comment vont les amants
Qui se sont adorés violemment
Mon amour
Comment vont les amants
Qui se sont séparés vaguement
Mon amour

L’enfant blond s’ennuyait
Le grand hôtel sombrait lentement
Le vieil homme affalé
Sur un sofa orange s’endormait
Et l’enfant songeait en jouant
Aux vagues bleues qui l’engloutiraient
Entièrement
Ses avions se posaient tremblants
Sur le grand corps de l’homme assoupi

Comment vont les amants
Qui se sont adorés violemment
Mon amour
Comment vont les amants
Qui se sont séparés vaguement
Mon amour

Tu ne parles pas
Des nuages d’Etretat
Tu vas pas à pas
Sur la plage sans éclat
Tu souris déjà
A l’absence et au delà
Tu ne te plains pas …

Le palace éclairé
Où revenaient les corps enmêlés
Dans ce soir de juillet
Que traversaient les oiseaux gelés
Dans la salle aux lustres pesants
Quelques statues s’avancent en parlant
Gravement
Et l’enfant soupire en rêvant
Aux trombes d’eau qui l’ont englouti

Que feront les amants
Qui se sont adorés violemment
Mon amour
Que diront les amants
Qui se sont séparés vaguement
Mon amour
Ce soir il fait froid
Aux falaises d’Etretat
La roche éblouie
Qui se dresse sans un pli
Tu baisses les bras
Sans écume et sans fracas
Tu ne te plains pas…