Cela m’énervait. Mes mains étaient sales, tachées. Sous mes ongles s’accumulait une sorte de cendre noire et rouge qui me démangeait. Ça séchait déjà. Je creusais son torse frénétiquement. Déchirais la peau, grattais le cartilage, me heurtais aux os. À genoux au dessus de lui, enserrant son estomac de mes cuisses, son corps me résistait alors que son âme avait abandonnée la lutte depuis longtemps. Quand j’eus pu passer mes doigts entre ses côtes, je me sentis mieux. J’empoignais fermement chaque côté de sa cage thoracique et dans un geste violent, ouvrit le coffre aux trésors. Son cœur était rouge. Il aurait du être noir. Je savais qu’il devait être noir. Je l’avais rêvé. Encore et encore, nuit après nuit, j’avais joué cette scène macabre et maintenant qu’elle était devenue réalité les choses m’échappaient. J’avais oublié toute retenue, était devenu un animal dément à la poursuite d’une folie. J’avais creuser son corps comme un chien fouille la terre. Pour rien. J’aurais du revenir à la réalité. Prendre conscience de ce que je venais de faire. Mais non. Je fus pris de rage. Je martelais de mes poings écarlates son visage jusqu’à ne plus le voir. Qu’il n’en reste rien. Je saisis à pleine main cette pompe de sang qui animait sa vie puis je l’arrachais. Pièce du moteur à changer. Je voulu l’écraser, le broyer mais c’était impossible. Écartant de mes doigts les chairs, je vis en son centre un joyau qui m’observait de son regard impénétrable. Il était noir comme le pétrole.

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