Lydia – Acte 2

   Elle se leva pour voir l’étendue de son œuvre, oubliant pour un temps les mains d’argent qui lui avaient permis de modifier un peu son monde. L’orifice formait une alcôve dans la pièce. C’était profond. Suffisamment pour s’y blottir en entière. S’y nicher. Dans un sens, elle s’était créée son espace à elle. Mais ce n’est pas ce qu’elle voulait. Peu importait d’arranger sa prison, elle devait en sortir, et Lydia sentait cette envie grandir. Plus qu’une envie c’était une besoin, une nécessité. Elle savait qu’elle devenait folle petit à petit. Depuis peu, ses ongles s’enfonçaient dans sa chaire pour y creuser des sillons pourpres entre son cou et ses épaules. En passant les doigts sur sa peau, elle sentait les trainées de peau gonflées par l’écorchure, c’était douloureux. Si la captivité s’éternisait encore, elle se tuerait. C’était certain. Face à cette mortelle évidence, elle reprit les gants. Il fallait continuer.

   Une centaine de questions l’assaillaient. Quelle était l’épaisseur du mur ? Creusait-elle le bon ? Que ferait-elle si les gants se brisaient ou si le mur devenait plus dur ? Combien de temps lui faudrait-il pour sortir ? Mais surtout, qu’y avait-il derrière ces parois ?

Rien ne lui permettait de choisir une autre orientation. Aucun repère ou indice ne venait l’aider dans ses interrogations Alors elle continua au même endroit, avec moins de folie mais plus de détermination. Elle ménageait son énergie, cherchait des moyens d’arracher toujours plus à la pierre. Un nuage bas de poussière blanche emplissait l’air et donnait une nouvelle consistance à la lumière. Lydia respirait mal, ses poumons étaient saturés, son visage semblait fardé pour une représentation de Kabuki imminente, ses yeux peinaient à rester ouverts et dessinait des lignes de larmes sur le blanc de ses joues. Mais tout ceci ne ralentissait pas ses efforts. Après plusieurs heures certainement, un tunnel de quelques mètres était apparu sous la volonté de ses griffes. Du gravât s’étalait le long de celui-ci avec un demi cercle à son entrée. Elle avait pu constater que le sol était inattaquable. Aucune marque ne venait témoigner sur lui de ses coups. Elle avait, sans le vouloir, agrandit le diamètre du passage et pouvait maintenant s’y tenir à genoux. Il lui fallait parfois ressortir pour respirer convenablement. Quand elle fut à bout de force, elle s’arrêta pour chercher un changement, car il y en avait un. Mais impossible de mettre le doigt dessus. Elle ferma les yeux tentant de faire reprendre à son coeur et son souffle un rythme convenable. Quelques minutes s’écoulèrent et elle su enfin. La température était plus forte ici. Collant sa joue contre le fond, elle sentit la pierre lui chauffer le visage doucement. Pas de quoi se brûler, mais c’était une sensation agréable. Elle se laissa emporter par la fatigue et la chaleur, les poings métalliques joints sous sa tête.

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